mardi 2 mars 2010

On se torture?


Je n'ai jamais eût la chance d'être torturé, physiquement parlant bien sur. Mais à ce que j'en sais, celui qui se fait torturer traverse plusieurs étapes psychologique, comme un genre de voyage initiatique dans les tréfonds de son âme.
Au premier coup, la victime rentre en état de choc, état que vous avez déjà surement du connaitre, en tout cas que je connais personnellement.
Ensuite, la victime ressent une genre de phase de soulagement, rassuré que finalement la pire violence physique reste supportable.
Néanmoins, du fait que la victime reste attaché, incapable de se défendre et de répliquer aux attaques de son agresseur, la violence de l'Autre parait sans frontières dans le temps et l'intensité. La victime se retrouve alors dans une troisième phase: la symbiose entre le corps et l'esprit, moment inoubliable où l'on réalise que notre corps n'est pas qu'une partie de soi, il en est la totalité: "je ne suis que poussières". La frontière mentale entre l'agresseur et l'agressé n'est plus une distance de sécurité, mais l'épaisseur même de sa propre peau.

Ceux qui ont vécus celà appartiennent dès lors à une autre Humanité, marqué à jamais par le sceau de la torture. Physiquement parlant, le corps peut s'en remettre selon l'humeur du jour de vos bourreaux. Psychologiquement parlant c'est une autre paire de couilles. La frontière entre l'habituel et l'extraordinaire a été rompue, tel le drap qui séparait le Lieu Saint du Lieu très Saint, et celà définitivement. Se projeter dans le futur, avoir confiance en la nature humaine, concevoir comme impossible qu'on vous tue sans raison, bref vivre comme les gens heureux devient alors impossible. Rien ne sépare plus le probable de l'improbable, ils se rejoignent dès lors sur le même plan.

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